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Mae Sot et le retour du visa run
L'arrivée fut déprimante. En même temps je m'en doutais un peu. Pour arriver à Mae Sot, pas de bus, mais 6h en taxi collectif. Et sur le trajet s'enchainent les camps de réfugiés birmans. Dont un de 7km de long. Non, c'est pas du chiqué.
J'ai demandé sur place, le pourquoi du comment de cette situation politique et voilà ce qu'on m'a répondu: apparemment, au Myanmar (anciennement Birmanie donc), c'est l'armée et donc les généraux qui détiennent le pouvoir. Et ceux la, un beau matin, auraient décidé de spolier toute une ethnie de ses terres, et au passage, de monter une petite usine a génocide. Voilà voilà.
Du coup, la ville de Mae Sot est un peu le reflet de cette situation. Que du bonheur en somme. Les rues sont grises, les gens aussi. Ceux qu'on y croisent? Quelques locaux le visage long, des réfugiés birmans la face figée et des travailleurs des ONG locales qui se plaignent. Et tout cela crée le climat le plus lourd que j'ai vécu en voyage. Et comment les en blamer? Je pensais initialement proposer de passer un mois sur place aider dans un camp ou je ne sais quoi. Naive va. Tout est desorganisé: selon toute vraissemblance, l'aide internationale n'est pas envoyée dans les territoires occupés, ou aux camps de réfugiés, mais a la capitale où elle ne sert à rien. Du coup ici, peu de moyens et une totale désorganisation. Quand je suis allée me renseigner, on m'a dit que c'était les vacances donc pour les profs d'anglais c'était pas la saison. Faire autre chose? Euh... Ben non, on sait pas. Ou sinon, j'avais le choix de payer 300 bhats jour pour aider dans un orphelinat... Tout le monde se demande où vont les sous. Sous cape, chacun raconte que les grosses ONG se gavent et salarient, achètent des véhicules neufs, louent des bureaux, mais au final ne font pas grand chose pour la population. Moi je suis en visite ici, je sais déjà que je ne vais pas rester. Je ne fais pas partie du système et j'en ignore tout. Alors j'écoute. Et c'est ce qu'on me dit. Et ça fait un peu peur quand même.
Ma seconde surprise fut le visa run en lui même. La frontière est en réalité un pont entre les deux pays. Un jour on peut aller dans un sens, le lendemain dans l'autre, pour les vehicule s'entend, a pied on va et vient a sa guise. Mes 10km de velo ne m'auront pas permis d'arriver le bon jour et j'ai du le poser au milieu de la route. Le visa run se fait en 4 etapes: passage au bureau de sortie du territoire Thai, un tampon. Passage à l'entree du territoire birman, de l'autre côté du pont, un tampon donnant droit à passer la journee au Myanmar. Et ils gardent votre passeport, juste au cas où... Récupération du passeport et passage à la sortie du territoire birman constitue la troisieme etape. Et enfin, retraverser le pont et entree en territoire Thai à nouveau. Et voilà 30 jours pour vous. Comme ça. Oui oui, vraiment. C'est à se demander pourquoi ils proposent de payer un visa de 3 mois quand on sait qu'on peu le faire 4 fois!
Mais ma plus grande surprise, et certainement la plus belle, fut l'aperçu du Myanmar. Après l'accueil de Mae Sot, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. et bien les gens y sont très pauvre, et pourtant, quand vous prenez le temps de rester un peu, de dire bonjour, et bien ils vous sourient de leurs dents toutes noires et sont reelement heureux de vous voir. Pas de mendicité apparente alors qu'ils semblent tellement dans le besoin. Pas beaucoup de temps. Quels images, quelques tranches de vie. Sur l'avenue, des gens s'entassent dans un taxi collectif. Un gars me hape pour faire des checks et des "hit five". Un peu plus loin, au marché, ce sont des enfants qui m'arrêtent: ils parlent deux mots d'anglais et sont très fiers de me dire qu'ils vont à l'ecole, ce qui n'est clairement pas le lot de tous. Et pendant ce temps là des chiens pelés se battent pour savoir qui aura la chance de grailler dans la poubelle d'à côté. J'ai conscience que je m'exprime mal. Et j'ai du mal à retranscrire les émotions. Ces gens étaient lumineux. En une après midi seulement et juste un coup d'oeil dans le trou de la serrure mais vraiment, ça donne envie.
Alors quand j'ai rejoins Mae Sot et que cette femme avec ses deux gamins m'a demandé de rentrer avec moi dans lesupermarché pour leur acheter à manger, ben j'ai dit oui. Et quand, dans tout ce qu'elle aurait pu prendre pour nourrir sa famille, elle a saisi un bol de nouille instantanées et deux bouteilles de coca, ben j'ai vraiment eu mal au coeur. Et j'ai réglé parce que je ne savais pas quoi faire d'autre. Merci la société de consommation.
Temps passé: 3 jours
Prochain arrêt: Khon Khaeng
Tags : voyage, thailande, myanmar, mae sot, visarun, visa run
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